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cessation d'activité

saison 03 photo 07


fermeture définitive

avenue du Général Leclerc - Limoges

1/1600e Iso 400

NIKON 3500


Le monde d'avant. Je me souviens de la rue St Honoré, coincée entre la rue d'Antibes et la Croisette. Une devanture toute modeste adossée à l'hôtel Majestic. La couleur grise est ancrée dans mon souvenir. En entrant dans la boutique, un bureau qui sert de caisse. Derrière lui, quelques rayonnages. Le reste de l'espace est occupé par deux grandes tables rectangulaires et molletonnées devant lesquelles s'affairent deux ouvrières et ma grand-mère. Règnent en ce lieu des odeurs tenaces, celle de la benzine utilisées pour les nettoyages à sec, celle des semelles de fer glissant sur les pattemouilles chaudes et humides qui recouvrent et protègent les tissus imprégnés d'amidon. Fers à repasser au manche et au thermostat en bakélite noire comme le téléphone à cadran dont la sonnerie stridente retentit à tout moment.

Je me souviens de l'arrière boutique étriquée où se trouve un grand lavoir de granit grisâtre et le petit escalier de bois conduisant au petit studio occupé par mes parents.

Je me rappelle la voix de stentor du vitrier qui s'annonce dans la rue ou celle non moins caverneuse du ramoneur.

Je me souviens de l'autre boutique voisine de la "Blanchisserie de Paris". Une femme permanentée et imposante et sans âge vous accueille à son bureau sur lequel trône une machine à écrire imposante : Madame est dactylographe.

C'est à ce monde lointain et perdu dans les limbes de ma mémoire que je pense chaque fois que je passe devant les vestiges d'une de ces boutiques. Certaines font pâle figure, d'autres témoignent encore de leur lustre d'antan.

Je m'efforce modestement de sauvegarder ces traces. Tenaces, pour combien de temps encore ?

© Daniel Hugues, photographies
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